Ils sont nombreux et varient autant que les points de vue et références théoriques qui les sous-tendent. Mais la plupart d'entre eux sont construits sur le modèle dit « Bio-Psycho-Social » qui renvoie aux aspects biologiques (potentiel addictogène du produit, éventuel antécédent génétique), aux aspects sociologiques (contexte, environnement familial, scolaire, etc.) et aux aspects psychologiques (personnalité du sujet).
Par exemple, et selon le modèle mécaniciste d'Aviel Goodman, psychiatre américain :
Impossibilité de résister à l'impulsion de passage à l'acte.
Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement.
Soulagement ou plaisir durant la période.
Perte de contrôle dès le début de la crise.
Présence d'au moins trois des sept critères suivants qui définissent la dépendance:
Existence d'un syndrome de sevrage à l'arrêt (dépendance physique, non obligatoire)
Durée des épisodes plus importants que souhaités à l'origine.
Tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement.
Temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre ou à s'en remettre.
Diminution du temps passé avec les autres
Poursuite du comportement malgré l'existence de problèmes psychologiques ou de santé
Tolérance marquée, c'est-à-dire besoin d'augmenter l'intensité ou la fréquence pour obtenir l'effet désiré, ou diminution de l'effet procuré par un comportement de même intensité.
Le constat sur les personnes alcooliques (CSAPA74) :
Les patients alcooliques ont souvent en commun :
La dépendance à l’alcool qui correspond également à un processus relationnel et communicationnel particulier.
Une souffrance diffuse en lien avec une sensation de vide intérieur qu’ils tentent de combler en le remplissant d’alcool.
Le déni, mécanisme de défense du Moi, trouble de la conscience, avec une perte de la capacité, à se voir, de se jauger, de s’apprécier.
Des troubles dans la représentation du corps, ils ont du mal à ressentir leur unité corporelle, l’organisation de leur image et même de reconnaître leur corps comme le leur.
Une personnalité fragile :
Souvent pulsionnelle, émotionnelles et quelques fois instables, les personnes alcooliques qui viennent en consultation ont en commun une méconnaissance d’elle-même, les peurs qu’elles ont les empêchent de prendre conscience de leurs potentiel positif, les plaçant dans une impossibilité d’exploiter leurs ressources.
Ces personnes entretiennent ponctuellement un manque de confiance en elles, accumulant des échecs douloureux ( à des degrés divers) dont elles ne peuvent tirer d’enseignement, n’étant pas ou peu structurées, elles vivent le plus souvent dans l’urgence du temps ou bien encore dans le passé ou un futur lointain, fantasmé et idéalisé et ne peuvent ni se programmer des objectifs progressifs ni établir des relations de cause à effet.
Une méconnaissance des réalités sociales :
Mais aussi des con,cessions qu’elles impliquent : Assiduité, ponctualité, respect, réalisme..
Chaque échec les amène à agrandir le fossé entre les aspirations, de plus en plus irréalistes et leur possible social est de plus en plus restreint.
Bercées par des rêves de grandeurs qui servent à compenser leur sensation de médiocrité présente.
Elles en arrivent à faire une complète confusion entre rêves, désirs et besoins.
Elles ne relient plus leurs buts aux moyens dont elles disposent.
De plus en plus, leur manque de conscience du temps les incite à ressentir une pression d’urgence qui les angoisse et renforce leur impulsivité.
Des relations sociales difficiles :
La méconnaissance que les personnes alcooliques ont d’elle-même entraîne une égale méconnaissance de l’autre. Ego centrée, elles n’ont pas conscience de l’effet rétroactif de la communication et de l’impact de leur attitude sur les réactions de leurs interlocuteurs.
Leur sensibilité exacerbée les place dans un processus de transfère de responsabilité : Tout est forcément la faute de
l’autre.
La personne addictée a tendance à dire « je bois car je suis dépressive » hors l’alcool amène inévitablement à un état dépressif.
Lorsqu’elles ne sont pas soignées, les addictions ont souvent une issue tragique. Celle-ci peut être directement liée à l’usage excessif de la substance (overdose, coma éthylique) ou provoquée par les effets secondaires à long terme (nombreux cancers des buveurs et fumeurs, troubles neurologiques et psychiatriques des consommateurs réguliers de drogue, contamination par le VIH...). La dépendance à certaines activités ou même à une substance, aboutit à l’isolement, la désocialisation et une paupérisation économique.
Le vide laissé par l’alcool doit être comblé par d’autres plaisirs, il s’agit de la recherche d’équivalents plaisirs dans la vie quotidienne dans un passé de non-buveur.